Arts et artistes de la Renaissance

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La Renaissance est une période très riche pour l’histoire de l’art et de ce fait, elle est connue d’un grand nombre de personnes. Elle marque une rupture avec le Moyen Âge qui est bien souvent dépeint comme une période sombre pour l’art mais également pour la connaissance. De nouvelles techniques font leur apparition et de grandes figures se démarquent comme Léonard de Vinci, Michel Ange ou encore Raphaël. Pourtant, bien peu de personnes en connaissent l’origine, les buts ou encore les débouchés pour l’Histoire de l’Art. On peut donc se demander comment la Renaissance a su se démarquer et créer un âge d’or pour l’art mais aussi pour la connaissance. 

Un mouvement européen

Un foyer italien

La Renaissance naît dans une cité-état de Toscane, en Italie, Florence. Il s’agit d’une oligarchie, une ville dirigée par quelques grandes familles. Parmi ces familles, on peut retenir la famille des Médicis, de riches banquiers. De ce fait, par la présence de cette famille riche à la tête de la ville, cette dernière bénéficie d’un essor économique important. Les arts vont en profiter pour pouvoir se développer.

1. Firenze
Florence

Cet art florentin va tout d’abord se manifester à travers l’architecture. Ainsi, les bâtiments deviennent de plus en plus épurés, dépouillés d’ornements inutiles pour ne souligner que les lignes essentielles. Les Florentins cherchent en fait à reproduire les monuments de l’antiquité qui sont très présents dans toute l’Italie, surtout sous forme de ruines. Ainsi, on cherche à appliquer les techniques mis en oeuvre dans l’architecture antique dans un contexte plus contemporain. On retrouve ces principes dans la façade de Santa Maria Novella construite entre 1455 et 1470.

2. Santa Maria Novella
Façade de Santa Maria Novella, Florence

Cette façade va servir d’exemple pour beaucoup d’autres artistes au cours du siècle. En peinture on reste dans un format plus classique mais on tente tout de même d’apporter une dimension psychologique au sujet. Dans le domaine de la peinture toujours, de nombreux ateliers se mettent en place et se font concurrence. Parmi les plus connus, on peut citer celui de Pollaolo ou encore celui de Verrocchio. Enfin, de nouveaux moyens et techniques sont mis en place. Ainsi, on développe la perspective et on recherche la connaissance et la maîtrise de la nature. Florence est donc une cité dominante pour l’art car elle atteint dans tous les domaines des sommets nouveaux.

Progressivement, cet art florentin va se diffuser en Italie à commencer par la ville voisine de Sienne qui garde tout de même une sorte de continuité avec les œuvres du Moyen-Âge. On garde de nombreux détails médiévaux dans la peinture, par exemple les fonds dorés. Mais pourtant, la perspective va inonder Sienne ce qui nous montre bien que la Renaissance se diffuse en Italie mais avec une chronologie différente. De nombreuses autres villes vont donc bénéficier de ces nouveautés artistiques avec, au sud, la ville de Naples et au nord la ville de Venise. Enfin, Rome va peu à peu avoir plus de renommée en Italie et finit par devenir la capitale artistique de l’Europe. Cela est rendu possible par la demande croissante d’œuvres d’art de la part de la papauté. En effet, on veut faire à Rome de grandes rénovations pour redonner à la ville sa grandeur d’antan pour mettre en avant le prestige du Pape. On va pour cela s’inspirer des ruines qui sont très présentes dans la ville et faire appel aux artistes les plus renommés du moment. Parmi eux, on peut citer Michel Ange qui va peindre la chapelle Sixtine pour le Pape.

Les arts dans le nord de l’Europe

Dans le nord de l’Europe va se dérouler ce que l’on appelle communément la Renaissance nordique. On trouve deux centres majeurs pour cet art : la Flandre et l’Allemagne du sud-ouest. Les artistes vont une nouvelle fois profiter de l’essor économique des grandes villes où la pensée humaniste est omniprésente. De plus, les artistes nordiques voyagent en Italie et, de ce fait, ils adoptent peu à peu les nouveautés qui s’y développent à travers les ornements à l’antique. De plus, de nombreuses gravures vont venir d’Italie, diffusant ainsi le nouvel art.

L’art flamand, par exemple, va s’illustrer dès le XV° siècle avec des figures majeures telles que Jan Van Eyck. Cette peinture va manifester un grand souci du réalisme à travers une description minutieuse de l’homme et du monde qui l’entoure.

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La Vierge du chancelier Rolin, Jan Van Eyck, 1435

De nombreux portraits vont être produits et de nouveaux genres vont voir le jour : la nature morte et le paysage. Il faut tout de fois noter que l’art du nord de l’Europe va être fortement marqué par les réformes religieuses qui ont lieu au XVI° siècle. De ce fait, certains artistes décident de quitter le territoire qui est très sensible aux réformes protestantes. Ces réformes remettent en cause l’utilisation de l’image du culte religieux. De ce fait, la demande en œuvres religieuses baisse considérablement. D’autres artistes qui adhèrent à la réforme de Luther tentent d’influencer leur représentation dans l’art puis, l’iconoclasme de Calvin, qui veut faire disparaître toute représentation dans le culte, va faire des ravages considérables.

La diffusion dans le reste de l’Europe

Cet art se diffuse d’abord en Europe centrale dès la première moitié du XV° siècle. Ce n’est qu’au XVI° siècle que les arts de la Renaissance atteignent la France, l’Espagne ou encore le Portugal. Cette diffusion est due à divers facteurs : le mécénat des princes, la demande croissant d’œuvres religieuses de la part des cardinaux, l’expatriation des artistes italiens, l’exportation de marbres, de manuscrits, de tableaux et d’objets. Il est tout de même nécessaire de préciser que les artistes italiens qui vont migrer ne sont pas plus connus et que les plus influents restent en Italie (à quelques rares exceptions comme Léonard de Vinci). Les artistes du nord eux aussi vont voyager dans tout le continent. Enfin, les guerres d’Italie, qui ont eu lieu de 1494 à 1525 ont accélérer la pénétration de ces arts nouveaux dans le royaume de France.

Les premières manifestations du renouveau sont visibles en sculpture notamment sur les tombeaux à l’antique par exemple mais aussi la sculpture décorative. On reprends également les décors sculptés des façades des monuments. Ce nouvel art va également se fondre dans les œuvres gothiques. Cet art naît donc en Italie et se diffuse lentement dans toute l’Europe, à des moments différents et pour des raisons diverses et variées.

Art et humanisme : une nouvelle vision de l’homme et du monde

L’antiquité : une nouvelle source d’inspiration

La Renaissance voit aussi naître au sein de la société européenne une nouvelle manière de voir le monde. Il s’agit de l’humanisme. Ce nouveau courant de pensée met l’homme au centre des préoccupations. Il touche à tous les domaines de la connaissance et veux voir l’homme comme le maître du monde. Pour les humanistes, l’étude et en particulier l’étude de l’antiquité doit mener à l’épanouissement de chacun. Pour les penseurs de l’époque, il faut aller plus loin que les capacités que Dieu à donné à l’Homme. Ainsi, Erasme disait à cette époque « on ne naît pas Homme, on le devient ». On s’inspire de l’antiquité pour la pensée car on considère que le Moyen Âge est une période sombre pour le savoir et la connaissance. Cependant, cette antiquité est une antiquité que l’on idéalise et que l’on connaît bien mal. Cet engouement pour le passé se retrouve également dans l’art où on redécouvre peu à peu les œuvres antiques.

Ainsi, au début du XVI° siècle, on découvre à Rome le groupe sculpté du Laocoon sur le site des thermes de Trajan. 4. Le LaocoonCette oeuvre grecque représente un épisode du mythe troyen : les Grecs décident de finir la guerre en tendant un piège aux Troyens. Ainsi, ils quittent les berges de Troie en laissant derrière eux un grand cheval de bois à l’intérieur duquel se trouvent quelques grecs armés. Avant de faire entrer le cheval dans la cité, les Troyens délibèrent : doivent-ils laisser entrer ce présent des Grecs dans la ville ? Un homme s’y oppose, car il se méfie des ruses des Grecs. Il s’agit d’un prêtre du nom de Laocoon. Mais les dieux décident de faire taire le prêtre et envoient un serpent le tuer, lui et ses fils (jamais deux sans trois). Dès la découverte de cette oeuvre, tous les grands princes contemporains désirent en faire l’acquisition. C’est finalement le Pape Jules II qui l’achète et l’ajoute aux collections du Vatican. Cette statue va devenir une référence en matière de sculpture. Mais la sculpture n’est pas le seul domaine artistique influencé par l’antiquité.

En effet, l’architecture est entièrement tournée vers l’antiquité car tous les contemporains vont se baser sur le traité de Vitruve pour élaborer leurs plans ainsi que les décors des bâtiments. Ce traité, écrit au I° siècle avant JC, met en place ma conception classique de l’architecture avec par exemple la mise en place des trois ordres en architecture : corinthien, ionique et dorique. L’antiquité est donc le modèle pour toutes les créations de la Renaissance.

Un art centré sur l’Homme

Comme nous l’avons indiqué plus haut, les humanistes, tout comme les artistes, donnent une nouvelle place à l’individu. On cherche à montrer le réel avec le plus d’exactitude possible, que ce soit la nature ou les Hommes. Léonard de Vinci est un très bon exemple pour illustrer cette recherche du réel.

5. Léonard de Vinci 1
Dessins d’observation réalisé par Léonard de Vinci

En effet, ce dernier réalise de nombreux croquis sur l’anatomie humaine, le vol des oiseaux et la nature en général pour en étudier au mieux la structure ou encore le mouvement. Le but est donc de rendre compte au mieux de la réalité en poussant son étude à son paroxysme. On cherche aussi à rendre compte des sentiments des personnages même dans la représentation du divin. Ainsi, on remarque un essor du portrait dans les œuvres de la Renaissance comme nous avons pu l’évoquer plus haut avec les artistes du nord de l’Europe. Sur ce sujet, Léonard de Vinci disait que « le bon peintre a essentiellement deux choses à représenter : le personnage et l’état de son âme ».

Enfin, on recherche à faire part dans ces œuvres des préoccupations du siècle. Ainsi, on introduit des éléments dans les œuvres sur les nouvelles découvertes du siècle, les études, mais aussi sur la nouvelle perception de la religion et les préoccupations qu’elle suscite comme par exemple le soucis du salut chrétien. On peut le remarquer notamment dans la peinture de Hans Hoblein le Jeune, Les ambassadeurs, datant de 1533.

7. Les ambassadeurs
Les ambassadeurs, Hans Hoblein le Jeune, 1533

Cette volonté de montrer les progrès dans la connaissance se traduit aussi dans l’art par la mise en place de nouvelles techniques.

De nouvelles techniques et innovations

La Renaissance est un moment important pour l’histoire de l’art. En effet, les nouvelles connaissances sont utilisée par les artistes pour accomplir des prouesse techniques en matière d’art. Cela est notamment visible dans le Duomo de Florence.

8. Duomo
El Duomo, Florence

Il s’agit de la cathédrale de la ville. Le projet est lancé au XIII° siècle et le campanile achevé en 1359 mais il reste une cavité géante de 45 m où devait prendre place un imposant dôme. En effet, on voulait surmonter la cathédrale du plus grand dôme de la chrétienté mais aucun architecte ne pouvait le faire car on ne possédait pas les techniques nécessaires pour cela. La cathédrale est donc restée ouverte pendant plus d’un siècle subissant ainsi toutes les intempéries. En 1418, un concours est lancé pour trouver un architecte qui puisse achever la cathédrale. C’est Brunelleschi qui remporte le concours et termine la coupole en 1436. Ce projet montre bien qu’au XV° siècle il y a de nouvelles techniques qui sont mises en place grâce à des connaissances nouvelles.

En peinture on fait également des avancées majeurs. Ainsi, la perspective fait son apparition en Europe avec différentes méthodes, la perspective géométrique ou encore la perspective atmosphérique. Cette dernière a pour but de représenter l’espace en trois dimensions sur une surface plane, tel qu’il est perçu par l’œil humain. Un bel exemple de cette nouvelle technique peut être observé dans l’oeuvre de Raphaël, L’école d’Athènes peinte entre 1509 et 1510.

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L’école d’Athènes, Raphaël, 1509 – 1510

Tous ces éléments nous montrent donc bien que les européens ont de nouvelles préoccupations ainsi qu’une nouvelle vision du monde et de l’Homme. De ce fait, l’art s’en trouve fortement impacté autant dans les sujets choisis que les techniques mises place pour les réaliser.

Une nouvelle figure dans la société : l’artiste

L’émergence de l’artiste

À la fin du Moyen Âge les artistes n’existent pas. Le travail artistique est fait par des ateliers où travaillent des artisans. Dans ces ateliers, on reproduit toujours le même travail sans jamais innover. A partir de la Renaissance, certains de ces artisans vont se démarquer et avoir une renommée et une notoriété de plus en plus importante. Ils vont quitter leur travail au sein des ateliers pour devenir des artistes. Alberti explique ainsi dans De Re Pictura en 1435 la différence entre l’artiste et l’artisan. Grâce à son traité, la peinture devient un art libéral. La revendication d’excellence intellectuelle est donc portée par Alberti. Pour lui, on devient artiste à partir du moment où les princes cherchent à obtenir les services d’une personne en particulier. En effet, les princes veulent se mettre en avant et mettre en valeur leurs maisons et leurs actions. Un véritable marché naît donc à ce moment.

Ainsi, les artistes commencent à signer leurs œuvres et à sortir de l’anonymat. De plus, ils se représentent de plus en plus au sein de leurs propres œuvres.

10. Autoportrait de Dürer
Autoportrait, Dürer, 1498

Par exemple, Raphaël se représente dans la partie inférieure droite de la fresque de L’école d’Athènes. Mais les artistes se représentent de manière plus directe dans des autoportraits qui se multiplient à partir de la fin du XV° siècle comme le montre l’exemple de Dürer. De plus, certains érudits et humanistes rédigent des sortes de biographies d’artistes. On voit donc se mettre en place progressivement une véritable glorification des  Mais comme nous l’avons dit, l’artiste, pour exister doit être au service d’un prince. On voit ainsi se mettre en place le mécénat.

Le développement du mécénat

Comme nous avons pu le voir, le développement de ce nouvel art est audacieux avec de nouvelles techniques, de nouvelles façons de faire. Il faut donc financer ces artistes pour qu’ils puissent développer leur art sans se soucier de l’aspect financier. Ainsi, une révolution majeure va se mettre en place : le mécénat. Il s’agit de la protection et du financement donné aux artistes, savants ou hommes de lettres par des souverains, les Papes ou les riches personnages que l’on va appeler les mécènes. Ils vont permettre aux artistes de tenter de nouvelles façons de peindre, de construire et de sculpter.

Ainsi, François I° décide de faire venir d’Italie Léonard de Vinci. Ce dernier va par exemple faire venir la Joconde en France à dos de mulet en traversant les Alpes. Le roi l’installer au Clos Lucé, un château à proximité directe du château royal d’Amboise et lui donner une rente de 1 000 écus d’or par ans, ce qui est une somme considérable. Il devient également premier peintre, ingénieur et architecte du roi. Les deux hommes se voient quotidiennement pour discuter et partager leurs idées. L’artiste peut donc tenter de construire toutes sortes d’inventions remarquables dont des reproductions sont aujourd’hui encore visibles dans le château ou encore des automates pour impressionner les convives lors des nombreuses réceptions données par François I°. À la mort de l’Italien, le roi se fait représenter dans des peintures aux côtés de son ami défunt dans de nombreuses peintures pour montrer le lien puissant qui unissait les deux hommes. Cette tradition s’est par ailleurs longtemps perpétuée.

Que peut-on retenir de cette période ?

L’art de la Renaissance connaît donc deux foyers majeurs au XV° siècle, l’Italie et le nord de l’Europe avec la Flandre et l’Allemagne du sud-ouest. Cet art va se diffuser dans toute l’Europe à partir du XVI° siècle et connaître un engouement certain. Il se base sur l’antiquité que l’on connaît par quelques œuvres redécouvertes à Rome qui est un site archéologique remarquable. On cherche à dépeindre la réalité avec le plus de précisions possibles en mettant l’Homme au sein de toutes les compositions et en montrant ses émotions, même dans les œuvres religieuses, ce qui est une grande évolution pour l’époque. Pour atteindre ce réalisme, on met en place des techniques nouvelles, témoins d’un savoir faire et d’une connaissance accrue du monde. Enfin, la figure de l’artiste se manifeste de plus en plus, au point où il acquiert une place prédominante dans la société grâce aux grands princes européens qui pratiquent le mécénat.

Bibliographie

Ouvrages généraux

M. Cassan, L’Europe au XVI° siècle, Armand Colin, Paris, 2° édition, 2014.

Dir. C. Mignot et D. Rabreau, Temps Modernes XV° – XVIII° siècles, Histoire de l’Art Flammarion, Paris, 2011.

Autres

Cours de première année sur la Renaissance et l’art de la Renaissance.

Manuels scolaires de seconde.

MG

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